Le sommeil de l'enfance

 

Le sommeil chez le nouveau-né

Avant de lire cet article, il est conseillé d’avoir lu en amont : «La structure du sommeil» et «L’horloge interne».

 

 

 

De la naissance à l’adolescence, l’évolution de la structure du sommeil est considérable. Le déroulement qui suit vous permettra de mieux appréhender certains phénomènes physiologiques du sommeil à différentes périodes de la vie. Certains de ces phénomènes tout à fait nomaux, peuvent être perçu comme des troubles du sommeil ou des pathologies associées. Ces articles vous permettrons de mieux percevoirs le bon déroulement de l'évolution du sommeil chez l'enfant.

1 - La période foetale

Dès la 20ème semaine de gestation, le foetus a déjà des étapes de sommeil et de vigilance par période alternée de 50 min, presque comme le nouveau-né. Les états d’éveil et de sommeil ne sont pas en lien avec ceux de la mère, on va retrouver par exemple des foetus dormant alors que la mère travaille.

2 - Chez les prématurés (< 37 semaines)

Vers la 27ème semaine de gestation, des sommeils agités vont apparaitre. Jusqu’à la 34ème semaine, 30% du temps de sommeil total est indéterminé. C’est passé la 35-36ème semaine que la structure du sommeil devient identique à celle d’un nouveau-né, durant son premier mois de vie.

3 - Entre 0 et 3 mois

Un nouveau-né dort entre 17 et 20 heures par jour selon des cycles très courts de 50 minutes. 2 à 3 cycles peuvent se succéder ce qui peut amener le nouveau-né à dormir 3-4 heures d’affilée. Le nouveau-né n’a pas encore de rythme circadien ce qui veut dire que son horloge interne n’est pas régulée sur 24 heures et qu’il ne fait pas encore la différence entre le jour et la nuit. Son sommeil se construit en 3 phases dont le sommeil agité qui occupe 60% du temps :

• Une phase où le nouveau-né s’endort en sommeil agité : il bouge ses membres, sa respiration est irrégulière, son visage exprime plusieurs sentiments.
• Vient ensuite le sommeil calme : le nouveau-né ne bouge pas, son corps est relâché et sa respiration est calme.
• Une dernière phase où le nouveau-né retourne dans un sommeil agité. Les états d’éveil, eux, sont essentiellement agités.

Les comportements du nouveau-né

 

Sommeil calme (Equivalent du stade 3 chez l’adulte) - SC

• Corps : immobile, quelques sursauts, muscles toniques, poings fermés.
• Respiration : régulière.
• Yeux : Pas de mouvement oculaire.
• Visage : Paisible, pas de mimique.

Sommeil agité (Equivalent du sommeil paradoxal chez l’adulte) - SA

• Corps : mou, atonie musculaire.
• Respiration : irrégulière.
• Yeux : mouvements oculaires.
• Visage : exprime toutes les émotions.

Éveil calme

• Corps : peu de mouvements corporels.
• Yeux : mouvements oculaires.
• Coeur : rythme cardiaque rapide et régulier.

Quelques minutes, 2 à 3 fois par jour, pendant les tous premiers jours. Ce sont des moments d’éveil où le nouveau-né est attentif à son environnement. Echanges de type sourire- réponse possible.

Éveil agité avec ou sans pleurs

• Corps : mouvements du corps continus.
• Yeux : mouvements oculaires rapides.
• Coeur : rythme cardiaque rapide et irrégulier.

Bien plus fréquent que les éveils calmes au cours des premiers jours. Le nouveau-né est peu attentif à son environnement. Regard flottant, paupières à demi fermées, gémissements, grimaces ou pleurs.

La structure du sommeil du nouveau-né :

Le nouveau-né s’endort en sommeil agité (SA1), vient ensuite le sommeil calme (SC). Le sommeil se termine par une nouvelle phase de sommeil agité (SA2).

SA1 : il vient avant le sommeil calme et se caractérise par une activité cérébrale continue, faite de fréquences régulières thêta, d’aspect parfois rythmique.

SC : ce stade se caractérise par des ondes cérébrales lentes continues, sur une fréquence delta irrégulière.

SA2 : vient après le sommeil calme qui se caractérise par une activité cérébrale continue faite de fréquences mixtes thêta et delta. Dans sa globalité, les ondes sont de plus faible amplitude que le SA1.

4 - Entre 3 et 6 mois

La transformation du sommeil

Le temps de sommeil sur une journée qui est de 16h à la naissance, passe entre 14 et 15h à 6 mois. Le sommeil agité des premiers mois se transforme en un sommeil stable appelé paradoxal dès 3 mois. A 6 mois, le sommeil paradoxal passe à 55% du temps de sommeil.

Les ondes cérébrales de la naissance à 6 mois

Vers 2 mois, le sommeil calme se transforme. Sur l’encéphalogramme, dans les régions frontale et centrale, l’apparition des fuseaux de sommeil ou de spinales dans les ondes cérébrales permettent de différencier le sommeil lent léger et le sommeil lent profond.

Mise en place des rythmes de l’horloge interne

Jusqu’à ses 3 mois, le nouveau-né apprend à différencier le jour de la nuit. Il restera éveillé plus longtemps en fin de soirée. Ce phénomène entrainera une agitation entre 18h et 22h qui sera nécessaire à la construction de son rythme circadien (rythme sur 24h).

Chez le foetus, dès 18 semaines, le noyau suprachiasmique (horloge interne) est détecté. De la naissance jusqu’à 4 semaines, le nouveau-né est sur un rythme ultradien : des cycles de 1h30 à 4h alternant veille et sommeil. C’est seulement après qu’il y a une évolution progressive vers un rythme circadien de 24h.

Les rythmes ajustés par la mélatonine sont en place très tôt et influencent l’acquisition du rythme jour/nuit. La sécrétion du cortisol (hormone du stress qui permet le réveil) et le ralentissement de la fréquence cardiaque durant le sommeil, eux, apparaissent au cours des 2 premiers mois.

5 - De 6 mois à 2 ans

Passés les 6 mois, les bébés restent éveillés la majeur partie du jour et dorment en moyenne 12 à 14h par nuit. Leur cycle de sommeil passe de 50 à 70min. Une à deux siestes s’installe(nt) durant la journée.

L’endormissement se modifie, les rythmes thêta et delta du sommeil calme deviennent de plus en plus amples, on appelle ce phénomène l’hypersynchronie lente d’endormissement. Elle est presque constante entre 8 mois et 1 an et peut persister chez des enfants plus âgés. Progressivement, l’hypersynchronie s’entrecoupe de fréquences plus irrégulières et de plus faible amplitude (formation du Stade 1, le sommeil lent léger) qui seront de plus en plus importantes. Passés les 18 mois, la structure du sommeil se rapproche de celle de l’adulte.

En résumé

De 1,5 à 3 mois : apparition progressive des stades 1, 2, 3 et du sommeil paradoxal. Durée du sommeil : 15h.

A 6 mois : modification de la structure du sommeil nocturne, dès l’âge de 9 mois elle ressemble à celle de l’adulte. Durée du sommeil : 14h - 15h.

Après 9 mois : disparition de l’endormissement en sommeil paradoxal (sommeil agité).

 allongement des cycles de sommeil et diminution du temps total de sommeil.

 

Les troubles du sommeil chez le nourrisson

On parle de troubles du sommeil lorsque le nourrisson de moins de 6 mois a des difficultés à s'endormir ou à maintenir son état de sommeil plus de 50min (en dehors des réveils nocturnes normaux d’une à deux fois par nuit, dus aux besoins du nourrisson). Il ne faut donc pas confondre un véritable trouble du sommeil avec les réveils physiologiques.

Le sommeil de votre bébé est perturbé si les réveils :

• sont trop fréquents : plus de deux fois par nuit et 4 à 5 nuits par semaine. - durent plus de 20 minutes.
• durent plus de 20 minutes
• persistent depuis au moins 3 mois.

Les insomnies précoces du nourrisson

Les insomnies précoces, caractérisées par des réveils très fréquents durant les premières semaines de vie sont distinguées en 2 catégories :

• L’insomnie violente : l’enfant crie et pleure avec une activité motrice importante de type auto-agressive. Le bébé se balance, se griffe, se cogne, crie etc..
• L’insomnie silencieuse : le bébé est réveillé mais reste silencieux, ces yeux restent ouverts de jour comme de nuit.

Les formes graves de l’insomnie précoce peuvent être annonceurs d’une forme d’autisme.

Diagnostiquer et corriger les insomnies

Observez l’environnement

Vérifiez que le berceau de votre bébé ne se trouve pas dans un lieu bruyant, qu’il a une bonne alimentation et assurez-vous que ses soins soient adaptés.

Les interactions parents-bébé inadaptées

• Une mère ou un père soucieux des performances de leur bébé ou à l’idée de le laisser seul, vont avoir tendance à le tenir trop longtemps éveillé ou à venir le voir trop souvent durant son sommeil. Ces gestes vont venir perturber le bébé dans les rythmes nécessaires à son sommeil.
• À l’inverse, lors d’une dépression parentale ou bien lorsque le bébé n’obtient pas les soins nécessaires, l’enfant va rester éveillé, ne se sentant pas protégé.

Quelques conseils pour le sommeil d’un bébé

• Lorsqu’il dort, ne surtout pas réveiller son bébé.
• Afin d’éviter les risques de mort subite du bébé, il est préférable de le coucher sur le dos. Il faut ensuite laisser le bébé trouver la position qui lui est la plus adaptée pour s’endormir. Il cherchera à reproduire une position qu’il avait dans le ventre de sa mère.
• Créer un endroit décoré avec des objets qui lui seront propres tels que des peluches. Sur le long terme cela aidera le bébé à se sentir bien et en sécurité par la familiarité qu’il aura avec ces objets.
• Mettre une température d’environ 18-20 degrés en évitant une atmosphère trop sèche ou trop humide.
• Bercer son bébé l’aidera à s’endormir s’il ne sait pas encore s’apaiser tout seul. Il est recommandé de remettre l’enfant dans son lit encore éveillé afin d’éviter les pleurs lorsque le bébé se réveille et qu’il ne sait pas où il est.
• Durant la journée il faut apprendre à son bébé à jouer seul. Avec cet apprentissage, il pourra petit à petit rester seul dans son lit sans inquiétude.
• Accompagner la construction de l’horloge interne du bébé en l’aidant à différencier le jour et la nuit. L’enfant doit percevoir dans sa chambre la lumière du jour et l’obscurité de la nuit. Si la chambre est trop sombre en journée, laisser la lumière allumée durant le jour.
• A partir d'un an ou même avant : lorsque le bébé reste, en majeure partie du temps, éveillé le jour et endormi la nuit, établir des rituels avant de dormir. Cela préparera mentalement le nourrisson à la séparation avec les parents durant la nuit. Les parents doivent prendre le temps de lire des histoires, faire des jeux calmes avant que l’enfant s’endorme. Cela prépare non seulement l’enfant au calme et au sommeil, mais aussi à son apprentissage futur de la lecture. On ne parle pas ici d’apprendre à son enfant de 2 ans à savoir lire, mais de lui donner goût au plaisir des histoires. En grande section, des différences significatives existent déjà entre les enfants habitués aux histoires ou non.

 

Le sommeil chez l’enfant

 

 

6 - De 2 à 6 ans

Alors que les nouveau-nés dorment beaucoup en journée, vers 2 ans il y a petit à petit une disparition de la sieste jusqu’à 3 ans. Ce phénomène amène à une réorganisation du temps de sommeil nocturne : l’enfant de 2 ans va dormir 13h et cela va diminuer en avançant dans l’âge pour arriver à 10h par nuit vers ses 6 ans.

Ses cycles de sommeil se rallongent pour passer de 70 à 90 min. La structure de son sommeil devient presque identique à celle de l’adulte : on trouve déjà une majeure partie de sommeil lent profond dans la 1ere partie de la nuit.

L’arrivée des terreurs nocturnes

Souvent vers 5 ans, cette maturation du sommeil peut entraîner une mauvaise transition de l’état d’éveil et de sommeil en première partie de nuit. C’est le début des terreurs nocturnes et du somnambulisme. L’enfant rentre dans des phases plus longues de sommeil lent profond (stade 3), mais le cerveau a des difficultés à gérer les étapes d’éveil. Voir l’article : « Les terreurs nocturnes et le somnambulisme ».

L’énurésie (le pipi au lit)

Les fuites involontaires d’urine pendant le sommeil, surviennent généralement vers 5 - 6 ans.

Que faire ?

• Apprendre à l’enfant comment fonctionne sa vessie et à maitriser ses sphincters (se retenir progressivement 5 min, puis 10 min, etc...).
• Savoir uriner sur commande : arrêter le jet au milieu d’une miction.
• L’enfant peut avoir peur de retourner se coucher et d’uriner de nouveau dans son sommeil, il faut le rassurer et lui redonner confiance en lui.

7 - De 6 à 12 ans

A 6 ans :

• Le sommeil lent est toujours riche en ondes delta, très lentes et amples.
• Le sommeil paradoxal de l’enfant a l’aspect de celui de l’adulte avec des fréquences mixtes et des ondes thêta en dents de scie.
• Augmentation de la latence d’endormissement.
• Diminution du sommeil lent profond.
• Diminution du temps de sommeil total.

Entre 6 et 12 ans

Les enfants perdent entre 10 et 20 min de sommeil par an.

 

Article suivant : "Le sommeil de l'adolescence"