Les explications suivantes prendront pour exemple le sommeil d’un individu ne présentant aucun trouble. Mais il faut retenir qu’aucun sommeil n’est identique et que chacun a sa propre façon de dormir. Personne n’est égal devant le nombre d’heures dont notre organisme a besoin, ni devant la qualité de nos nuits. Les chiffres et les temps indiqués représentent une généralité et ont, bien entendu, une certaine tolérance. Si votre sommeil ou votre éveil est au-delà des normes, pourtant fluctuantes, seul un spécialiste pourra alors parler de troubles du sommeil, en trouvant des perturbations significatives. Dans la plupart des cas, un trouble du sommeil est associé à un autre trouble, une maladie chronique, une hygiène de vie… Mal dormir n’est pas une fatalité, mais pour corriger nos erreurs il faut comprendre le fonctionnement de notre sommeil et comment celui-ci se prépare tout au long de notre journée.
La qualité de notre sommeil est le reflet de notre quotidien.
Dans notre société actuelle, nous sommes tous en dette de sommeil (50% des adolescents dorment moins de 8h par nuit, ce qui crée le week-end des nuits de 10 à 11h).
Evolution des besoins de sommeil |
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3 - 5 ans : 11h à 13h |
Chez l’adulte : En moyenne 8h. Long dormeur 9h - 10h. Petit dormeur < 6h |
5 -7 ans : 10h à 11h |
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Pour l’adolescent : 9 à 10h |
Suivant les individus, nous avons plus ou moins besoin de sommeil. On retrouve alors les longs dormeurs qui peuvent dormir 9 à 10h par nuit et les petits dormeurs qui peuvent se contenter physiologiquement de 5 à 6 heures de sommeil par nuit, voire moins. Le plus important est que chacun s’adapte à son besoin de sommeil. C’est souvent héréditaire et peut même influencer le métier de l’un et de l’autre.
En vieillissant, on constate que le stade de sommeil lent profond diminue au profit du stade de sommeil lent léger (explications des stades en dessous). On note également une augmentation des éveils nocturnes et une diminution de l’efficacité du sommeil.
Chez les personnes plus âgées, la concentration de mélatonine diminue et les éveils nocturnes sont de plus en plus fréquents. Ceci diminue l’efficacité du sommeil et génère des dettes qui viennent diminuer les capacités physiques et intellectuelles. Par conséquent, des besoins de siestes apparaissent.
Notre sommeil s’organise en plusieurs cycles, chacun composé de plusieurs stades d’endormissement. Sur l’hypnogramme ci-dessous, plus la personne tend vers le sommeil profond, plus les ondes cérébrales ralentissent. Arrivées en sommeil paradoxal, les ondes s’accélèrent à un rythme se rapprochant de l’éveil.
Hypnogramme
Il y a tout d’abord la phase d’éveil, où l’environnement est propice à l’endormissement, mais la personne ne dort pas. On observe un ralentissement de la fréquence des ondes cérébrales lorsque la personne se détend et ferme les yeux jusqu’à l’endormissement. Pour une personne adulte saine, suivant l’âge, il faut environ 15 à 30 min pour s’endormir.
Vient alors le stade 1. Le cerveau s’endort légèrement, c’est la transition entre l’état de veille et de sommeil. La fréquence des ondes cérébrales ralentit. Des pensées ou des rêves surviennent durant ce stade qui dure environ 5 à 10 min. Il est facile de réveiller un individu durant cette période. La température corporelle commence à diminuer également jusqu’à atteindre un minimum de 36,5°C vers 4h du matin. Elle remontra progressivement plus tard dans la nuit avec l’arrivée du cortisol, l’hormone du stress. Le cortisol et la mélatonine sont deux opposés, l’un éveille, l’autre endort.
Ensuite, le sommeil passe en stade 2. C’est un sommeil léger durant lequel il est toujours facile de se réveiller. Lors d’une sieste, il est d’ailleurs conseiller de ne pas dépasser ce stade, afin de ne pas rentrer en sommeil profond N3. Il serait alors beaucoup plus difficile de sortir de son sommeil et la sensation au réveil serait très désagréable (temps conseillé d’une sieste : 30 minutes maximum).
Durant le stade 2, le rythme cardiaque ralentit de 20% par rapport à son rythme de repos normal. Une personne présentant des troubles du sommeil va, à l’inverse, augmenter son rythme cardiaque durant la nuit. Ce phénomène génère par la suite de l’hypertension et augmente le risque d’arrêt cardiaque.
Lorsque les ondes cérébrales deviennent beaucoup plus lentes, le sommeil plonge en stade 3 : le sommeil lent profond. Ce stade survient environ 35min après l’endormissement et dure une trentaine de minutes. Suivant les individus, la tension musculaire diminue ou non à ce stade (par exemple, la tête qui bascule sur l’épaule du voisin dans le train). Il devient plus difficile d’être réveillé durant cette phase de sommeil. En terme de mémorisation, notre cerveau vient s’organiser autour de la mémorisation déclarative. Les conversations, les poésies, etc.. sont triées et retenues durant cette phase de sommeil profond.
Le stade de sommeil paradoxal est sans doute celui qui vient poser le plus d’interrogations. Les ondes cérébrales augmentent, leur activité est proche de celle de l’éveil. Le corps lui, de son côté, se relâche totalement. Il y a une chute brutale de la tonicité musculaire, seuls les mouvements des yeux y sont très importants (REM = Rapide Eye Mouvement). Durant cette période, les rêves y sont majoritaires et généralement fantastiques (voir le chapitre sur les rêves). Concernant la mémoire, les études nous montrent que les tâches manuelles, les informations visuelles et procédurières se consolident en sommeil paradoxal.
Une fois ces 4 stades terminés, le cycle recommence entrecoupé parfois de pics d’éveil en fin de sommeil paradoxal REM. C’est pour cela que nous avons la sensation de vivre plusieurs rêves dans la même nuit car nous entrons et sortons plusieurs fois en sommeil paradoxal.
Les ondes cérébrales
Dans un aspect plus technique, voici à quoi ressemblent les ondes cérébrales représentant les différents stades de sommeil et comment les identifier. Pour plus d’informations, voir le chapitre : les règles de la SFRMS.
La structure de notre sommeil se construit petit à petit dès la naissance et se modifie tout au long de notre vie. Lors de la petite enfance, en quelques mois, des différences significatives apparaissent dans le comportement du sommeil du nouveau-né. Avant 3 mois les ondes sont difficilement identifiables, seuls 2 stades sont réellement perçus. Le sommeil calme ressemble au sommeil léger de l’adulte et le sommeil agité ressemble au sommeil paradoxal. A noter que le nouveau-né s’endort en sommeil agité (équivalent: paradoxal) comme le ferait une personne atteinte de narcolepsie. C’est après 6 mois que la polysomnographie permet d’identifier correctement la structure du sommeil. Passé 1 an, le schéma cyclique de l’hypnogramme ressemble presque à celui de l’adulte, avec des besoins de sommeil différents, notamment en sommeil profond. Les besoins de sommeil diminuent ensuite petit à petit en avançant dans l’âge. Ci-contre, le développement de la structure du sommeil suivant les périodes de la vie.